domingo, 15 de julio de 2012

Interview avec Mercédès Durosel en Haïti!

Questions de Mercédès Durosel Quelles étaient vos activités en Haïti? Leur importance concernant vos relations entre Haïti et le Canada. Réponse de.Françoise Forest... D'abord,laissez-moi me présenter. Françoise Forest. Je suis née dans un adorable petit village du Québec appelé Saint-Wenceslas,là où ma chère grand-maman Forest avait une ferme entourée d'une érablière où elle faisait le meilleur sirop d'érable de la région chaque printemps.J'avais deux ans lorsque mon père laissa la ferme pour s'établir au Cap-de-la-Madeleine où j'ai grandi à l'ombre du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Le 17 mai 1948,mariée à Félix Nicolas originaire des Cayes en Haïti,je foule,pour la première fois le sol haïtien.Bien vite,mon mari ouvre une boutique de tissus à la rue Traversière Port-Au-Prince.Monsieur Philippe Cantave alors Consul Général d'Haïti à Montréal de passage à Port-Au-Prince,me rendit visite pour me parler d'une Association Haïtiano-Canadienne qu'il désirait créer avec mon aide.J'acceptai car,je voyais des possibilités de rapprochement entre nos deux pays,particulièrement au Québec dont le patois appelé « joual »,ressemblait étrangement au créole haïtien que je parlais déjà avec l'aide précieuse de mon mari à qui j'avais intimé l'ordre de me l'enseigner.Il s'y prêta de bonne grâce.L'Association dura quelques années,jusqu'au jour où le Consul Général P.Cantave se rendit à Ottawa pour occuper le poste d'Ambassadeur d'Haïti au Canada.Nos réunions mensuelles se déroulaient dans une ambiance de gaité,de fête et je crois pouvoir dire que le rapprochement entre nos deux pays fut bénéfique en tous points. En 1968,j'ai mis sur pied une autre association appelée Club des Femmes de Carrières de Port-Au-Prince (en anglais Business and Professionnel Women's Club) qui réunit en fédération près de 200 pays à l'instar du Rotary,mais par des femmes indépendantes par leur profession,leur travail,afin de leur donner une plus grande confiance en elles-mêmes,qu'elles prennent conscience de leur valeur dans leur société.Et j'ai la joie de vous affirmer que ce Club existe toujours envers et contre tous grâce à des femmes comme Odette Roy Fombrun, Marie-Carmelle Lafontant entre autres,qui ont maintenu haute,la flamme du don de soi en aidant les plus démunis. Q.M.D. Dites-moi ce que vous savez de l'équitation en Haïti? R.F.F. Très jeune au Québec,j'ai essayé d'apprendre à monter à cheval mais, c'est vraiment en Haïti que je suis devenue une cavalière accomplie.Mon professeur d'équitation fut sans conteste le sergent Diègue chef de l'écurie de l'Armée.Maquillon,cavalier sans peur et sans reproche,il me prit sous ses ailes.Chaque dimanche de grand matin,nous formions un groupe que Diègue menait au commandement.Un jour,je montais la jument du Colonel Wooley appelée « Delmas ».Elle avait un pas cadencé que Diègue appelait « dodine ».Nous traversions un champs de cannes lorsqu'elle m'emporta au grand galop.Je tenais tant bien que mal quand Diègue me rejoignit en me donnant des ordres sur la manière de maîtriser Delmas.Et j'ai réussi à l'arrêter juste à temps,car je penchais dangereusement d'un côté. Un autre jour en pleine campagne j'entendis Diègue crier un ordre dans le genre: « tout moun sote ».J'étais au bout de la file et je me demandais:  ...« sauter quoi? » quand j'aperçus la boue noire large d'environ un mètre Mon cheval « Prince Noir » suivait au galop...en un instant je pris la décision de lâcher la bride en lui donnant les talons...je me suis retrouvée flottant dans les airs au-dessus de la boue noire pour atterrir de l'autre côté tout en douceur...Je venais de recevoir ma première leçon de saut à cheval.Quelle sensation agréable!!! Diègue l'infatigable,nous convoqua pour prendre la tête du défilé carnavalesque de 1972.Nous étions environ une quinzaine de cavaliers et cavalières dont mon jeune et intrépide neveu Jean-Philippe Rigaud alors âgé de sept ans.Toute la journée nous avons suivi le défilé parmi les orchestres qui faisaient peur aux chevaux qui se câbraient aux sons des cymbales et tambours.Je m'en souviendrai longtemps de ce Carnaval!!! Nous allions très loin les dimanches à cheval,parfois durant trois heures avant de nous arrêter chez quelques paysans qui nous offraient à boire de l'eau de « cocoyers » et à manger,pendant que nos chevaux s'abreuvaient et broutaient l'herbe fraîche de nos campagnes.Parfois,des membres de certaines ambassades nous accompagnaient.Je me souviens d'une américaine à qui l'on a donné un cheval trop fringant qui l'emporta en passant sous un arbre dont la branche basse la frappa en plein torse.Son mari,un allemand la vit tomber,elle était bleue se tordant la bave à la bouche.Encore une fois,j'étais au bout de la file lorsque je l'apperçus,je dis à son mari: « Vous voyez bien qu'elle a besoin de la respiration artificielle »...Il se jeta sur elle en lui donnant une goulée d'air directement dans la bouche et son visage redevint rose.Immédiatement je l'amenai voir le neurologue le Docteur Jâcques Fourcand qui l'ausculta,la soigna avec succès...mais,elle ne s'est jamais souvenue d'avoir fait de l'équitation ce jour-là...Et voilà un aperçu de mes 30 années d'équitation en Haïti. Q.M.D. Qu'est-ce qui vous a énervé en Haïti? R.F.F. Ce qui m'énervait le plus en Haïti,c'était la façon d'accepter la vie,sans faire l'effort pour l'améliorer. « lèse grennen » disaient-ils.À l'occasion d'un meeting,je fis la connaîssance d'un mulâtre que tous appelaient « Magistrat ».Pourquoi,je ne l'ai jamais su.Toujours est-il que je lui disais qu'il était temps d'envoyer tous les enfants d'haïtiens à l'école de façon obligatoire afin que tous parlent français et le lisent correctement. Savez-vous ce qu'il m'a répondu? « Oui,vous avez raison,mais laissez-moi mourir avant ».Mon sentiment d'impuissance,de rage même me montait au nez...Pourquoi sont-ils si indifférends envers le sort de leurs frères et soeurs quand je savais que ce serait pour le plus grand bien de la nation haïtienne qui prendrait enfin son envol vers le progrès.Chaque fois,j'en sortais désolée,sans force même pour discuter...

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